ARK NETWORK reference.ch · populus.ch    
 
  
Tout sur tout 
 
 
Rubriques

Liens

 Home  | Livre d'Or  | Album-Photo  | Contact

Interview

 

Le chanteur Abdelli à cœur ouvert
 
« Cheikh El-Hasnaoui, un Kabyle du bon vieux temps »
 
 
Abdelli, même s’il demeure peu connu du public kabyle, est un artiste complet qui a donné une belle image de la chanson kabyle à l’étranger et spécialement en Belgique. Tout en s’inspirant de ses maîtres, en particulier son idole Cheikh El-Hasnaoui qu’il a rencontré chez lui à l’île de la Réunion, son œuvre est un mélange subtile de parfums d’Afrique, d’Amérique du sud et d’Asie. Avec des musiciens venant de différents horizons (Chiliens, Argentins, etc.) qu’il a rencontrés par hasard en Belgique, l’auteur de Among Brothers se produit un peu partout (Italie, Belgique, Hollande, Grèce Portugal, USA, etc.) et réussit à emballer un public cosmopolite. De son exil belge qu’il avoue vivre péniblement, il a bien voulu répondre à nos questions.  
 
Pouvez-vous nous parler de la chanson kabyle en Belgique ? 
Il y a très peu d'activités de chanteurs kabyles car la communauté kabyle en Belgique est très petite. 
 
Pourquoi le choix de s’installer dans un pays étranger ?  
Ce n'est pas un choix. Nous y avons été obligé. Il n'y avait pas d'alternatives pour continuer à faire ce métier comme la grande majorité des artistes kabyles. Le pouvoir algérien a tout fait et il le fait toujours pour nous étouffer pour des raisons politico-culturelles.  
 
Ces dernières années, une nouvelle génération de chanteurs kabyles font un tabac à l’étranger, tandis qu’ils sont parfois complètement ignorés chez eux, quel est votre commentaire ? 
Comme je l'avais dit, il n' y a jamais eu de politique pour faire connaître la chanson, ni la culture kabyle dans notre propre pays alors les artistes font ce qu'ils peuvent pour faire leur travail et s'ils décrochent des étoiles hors de leurs pays tant mieux. Comme il dit l'adage " nul n'est prophète dans son pays". 
 
Du nouveau ?  
A chaque fois que je finis un projet, il y en a un autre qui commence automatiquement et ce que cela va devenir, je ne le sais jamais à l'avance. Je suis un artiste libre de penser. Ma maison de disque me laisse cette liberté, sans cette liberté, je ferais autre chose pour vivre.  
 
Revenons à votre rencontre avec El-Hasnaoui. Ce maître de la chanson chaâbi est connu pour sa discrétion, comment a-t-il fait exception pour vous accueillir chez lui ? 
Je ne crois pas qu'il ait fait exception pour me recevoir chez lui. Je crois que Cheikh El Hasnaoui était quelqu'un qui aime et qui respecte. S'il m'a invité chez lui, c'est que tout simplement, il ne savait pas faire autrement. Il a trouvé ça normal de me recevoir chez lui. On ne reçoit pas ces hôtes dans la rue, lui c'est le kabyle du bon vieux temps où le respect domine tout. 
 
Pouvez-vous nous faire la description da sa maison ? On dit qu’il avait un jardin comme ceux du pays… 
D'après ce que j'ai vu, il n'y a pas de figuier ni d'olivier pour la simple raison que le climat de l'Ile de la Réunion est très différent de celui de l'Afrique du nord. Je lui avais même posé la question de me donner le nom d'un fruit qui poussait sur un de ses arbres, il m'a répondu qu'il ne savait pas parce que "ça ne pousse pas chez nous". Ce qui m'a beaucoup touché dans sa réponse, c'est qu'il se souvient très bien de ce qui pousse chez nous après plus de 70 ans d'exil. 
Dans quelle (s) langue (s) s’est-il adressé à vous ?  
Il parle dans les trois langues, kabyle, arabe algérois et français. Quelques fois, il parle les trois en même temps, il n'a rien oublié au contraire, ça lui a manqué de communiquer avec les trois à la fois comme au bon vieux temps. 
Le jour où vous l’avez rencontré, avait-il un instrument de musique chez lui ? Chantait-il en privé ? 
Non, aucune trace d'instrument de grand musicien et certainement pas de chanteur de grand talent, un homme très modeste qui s'adapte très vite à son nouveau environnement. 
Comment imaginez-vous son quotidien à l’île de la Réunion ? 
Il s'occupait de ses oiseaux et de son jardin fleuri : c'était une de ses raisons de vivre. 
Parlez-nous de son épouse : est-elle encore en vie ?  
Sa femme est française, elle vit toujours mais comme tous les Kabyles, parler de sa femme, ce n'est pas le sujet que nous préférons, même après un mariage qui a duré 54 ans !  
A votre avis, pourquoi a-t-il choisi l’île de la Réunion pour continuer le reste de ses jours ?  
Pour être tranquille, loin de tous mais près de la nature et de gens très agréables.  
Un mot pour conclure cet entretien ? 
D’abord, je présente mes condoléances à toute la famille de Brahim Izri. C'était un grand ami et frère, il a consacré toute sa vie à la culture berbère. 
Mes remerciements à vous ainsi qu'a tous vos lecteurs qui s'intéressent à notre culture dans toute sa dimension et veiller à ne pas la perdre de vue. 
Propos recueillis par 
Karim KHERBOUCHE  
 
Visiter son site www.abdelli.com 

 

(c) Alpha Sinus - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 31.10.2005
- Déjà 11478 visites sur ce site!